Il n’y a personne dans la maison. Pas une seule chaise, pas un seul bruit.
Rien du tout, rien non plus dans le jardin, ni fleurs, ni feuilles, ni vent.

Personne ne parle, personne n’écoute, personne n’attend personne.

Il n’y a pas de lumière, pas même une lueur d’espoir,
pas de rêve, pas d’ombre, pas de souvenir,
et surtout, pas de quelqu’un pour les porter.

Elle n’a jamais souri, elle n’a jamais pleuré.
Elle ne veut plus rien, ne veut plus personne,
ne veut pas non plus être encore là.

Elle n’a pas encore mangé,
n’a pas bu,
n’a pas non plus trouvé quelque chose qui vaille le coup.

On dit qu’elle n’aime pas les pommes,
ni les livres,
ni les gens,
ni les jours pleins de tout et de rien.
Elle ne trouve rien de beau,
rien d’utile,
et rien de ce qui fait battre un cœur.

On lui demande parfois :
— Tu veux aussi partir ?
Elle répond :
— Je ne veux pas non plus rester.

Alors elle ferme la porte qu’elle n’a jamais vraiment ouverte.
Et l’on n’entend plus jamais rien.
Plus un mot.
Plus un pas.
Plus rien.

À Madame Isabelle Vivier et Madame Gwenaëlle Kervran,
tisseuses lumineuses de mots, et les plus merveilleuses enseignantes
qu’on puisse rêver dans le royaume de la langue française.

To Madame Isabelle Vivier and Madame Gwenaëlle Kervran,
Luminous weavers of words, and the finest teachers one could dream of
In the realm of French.